Damien Thiéry (MR) : “Homans veut dégoûter les francophones de s’installer en périphérie” (21/02/2019)

La périphérie bruxelloise va sans doute s’inviter dans la campagne électorale. Rappelez-vous : début février, la ministre flamande des Affaires intérieures, Liesbeth Homans (N-VA), avait annoncé son refus de nommer les bourgmestres de quatre communes à facilités (Drogenbos, Rhode-Saint-Genèse, Linkebeek et Wezembeek-Oppem), parce que ces communes avaient elles-mêmes envoyé les convocations électorales à la place du gouverneur de la Province du Brabant flamand. Face à ce coup de force de la ministre qui incarne la ligne dure nationaliste flamande, Damien Thiéry (MR) n’avait pas encore réagi. Comme on l’imagine, il ne digère pas cette manière de procéder lui qui est désormais premier échevin à Linkebeek mais qui en a été durant 12 ans le “bourgmestre non nommé”. “C’est bien entendu un déni de démocratie, c’est ignorer les votes de la majorité de la population, ce sont des méthodes inqualifiables, mais il fallait être naïf pour croire qu’il en aurait été autrement. Je suis par ailleurs surpris par le silence de Défi sur ce dossier, même si ce parti n’a plus de Bourgmestre dans les communes à facilités”, s’agace le député fédéral libéral.

“Éminemment stratégique”

Pour Damien Thiéry, l’irruption de ce dossier à quelques semaines des élections est loin d’être innocente. Liesbeth Homans veut “continuer à faire croire à la Flandre et aux électeurs que la N-VA protège ses intérêts contre l’envahisseur francophone. Se positionner comme le parti qui défend au mieux les intérêts flamands à la veille des élections régionales et fédérales est éminemment stratégique”. Il estime que la N-VA utilise tous les moyens juridiques possibles et d’intimidation “pour dégoûter les francophones de venir s’installer en périphérie bruxelloise”. Pour l’ex-bourgmestre non-nommé de Linkebeek, pourtant, “les collèges communaux ont agi selon le dernier arrêt du Conseil d’État, qui permet l’envoi des convocations directement en français sur base de la liste des habitants qui avaient préalablement fait la demande d’obtenir leurs documents administratifs en français pour une période de quatre ans. Mais cet arrêt du Conseil d’État a toujours été contesté par la ministre Homans. Tout le monde était au courant, il ne faut donc pas être étonné de sa décision de non-nomination.

La fin des “facilités”

Damien Thiéry développe une vision très pessimiste de l’avenir : “Il y a donc une volonté claire de confirmer qu’en Flandre, seul le gouvernement flamand a les pleins pouvoirs. Toute décision juridique qui irait à l’encontre des intérêts de la Flandre est tout simplement ignorée. Cela se vérifie d’autant plus lorsqu’il s’agit d’un problème communautaire qui pourrait mettre à mal ses intérêts. Depuis 1966, la Flandre a opté pour le droit du sol au détriment du droit des gens. C’est un repli identitaire mais aussi une sorte de protectionnisme. Ceux qui croient que la Flandre pourrait revoir sa position dans le futur se trompent lourdement. Au contraire, l’étape suivante sera la suppression des facilités que je prédis depuis 2006.” Le parlementaire MR estime que le dossier brûlant de la périphérie va s’inviter à la table des prochaines négociations gouvernementales. “Le fédéral pourra-t-il rester indifférent ? Je ne le pense pas. Des compromis – provisoires – seront envisageables, mais nous devrons veiller à ce qu’ils ne soient pas seulement réalisés aux détriments des francophones. C’est dès à présent qu’il faut rappeler qu’en cas de demande de suppression des facilités, nous exigerons que la population puisse s’exprimer sur son sort et sa volonté ou non d’appartenir à la région unilingue flamande ou la région bilingue de Bruxelles capitale qui garantit les mêmes droits aux francophones qu’aux néerlandophones.

Frédéric Chardon

Source : https://www.lalibre.be/actu/politique-belge/damien-thiery-mr-homans-veut-degouter-les-francophones-de-s-installer-en-peripherie-5c6ed56e9978e2710e4e0a0